Valentia Pseudonymie et auctorialité littéraire chez Daniel Stern, alias Marie d’Agoult

Plus qu'un texte dramatique, Ninon au couvent est la traduction de la dictature qui règne sur le paratexte des lettres. La créatrice de l'œuvre, Marie d'Agoult, forcée par l'autorité littéraire, associe son identité littéraire à un nom masculin. L'héroïne du roman, cependant, dans sa féminité, représente un autre aspect de la personnalité de l’auteure. Ninon, après un échec amoureux, se rend au couvent pour se consacrer à une vie solitaire et se débarrasser des plaisirs du monde. Mais le monde s'éclaire de nouveau dans ses yeux et elle retourne à la vie mondaine. Ninon est libérée du monastère, mais l'auteure reste fidèle au rite de la littérature. Le texte décrit les malheurs d'une abbesse ; et le paratexte, l'hésitation de la Comtesse-auteure entre la liberté sociale et le sacrifice de la vie littéraire. De la part de l'héroïne et de son créatrice, on voit deux comportements, dans la même situation. L'une renonce à son prestige social, s'abandonne à la dictature de lettres et l'autre s'accroche à la société. Ninon et les difficultés de la vie religieuse est une allusion aux complexités de la présence du sexe doux dans le monde littéraire, ce qui l'amène à confirmer implicitement sa fausse identité comme étant en quelque sorte neutre. Cet article traite de la corrélation entre l'héroïne et sa créatrice et leurs deux types de rencontres. Il suit également le processus de lecture en s'appuyant sur l'esthétique de la réception.